Altice : une directrice licenciée au moment de l’affaire de corruption poursuit le groupe en justice

2024-08-22    lemonde.fr HaiPress

Le siège social d’Altice à Lisbonne,le 24 juillet 2023. PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP Le 13 juillet 2023,c’est la stupeur chez SFR,la principale filiale française d’Altice,le groupe de Patrick Drahi. Les salariés de l’opérateur de télécoms viennent d’apprendre l’arrestation,au Portugal,d’Armando Pereira,l’associé historique de l’homme d’affaires,pour des faits présumés de malversations financières. Une enquête interne est rapidement ouverte. Pour ses besoins,il est demandé aux cadres dirigeants de remettre ordinateurs et téléphones professionnels. C’est ce que fait Tatiana Agova-Bregou,la directrice exécutive chargée des contenus audiovisuels de SFR,le 20 juillet,veille de son départ en vacances en Bulgarie,son pays de naissance.

Mais,onze jours plus tard,le 31 juillet,Altice France lui notifie une dispense d’activité,suspend ses accès aux réseaux et aux bureaux de l’entreprise et lui adresse des lettres de démission de ses mandats sociaux pour qu’elle les signe avant le 2 août. N’ayant pas reçu de réponse à cette date,la direction la révoque de tous ses mandats sociaux pour « trouble objectif caractérisé au bon fonctionnement de l’entreprise ». En cause : la relation intime que Mme Agova-Bregou entretient avec M. Pereira,une liaison révélée par des écoutes téléphoniques menées par la justice portugaise,dont des extraits ont été publiés,le 26 juillet,par le journal Sabado.

Alors que le scandale ébranle l’empire de Patrick Drahi,le groupe doit faire tomber des têtes. Mme Agova-Bregou est la première touchée chez SFR. Sa révocation est communiquée aux salariés dès le 2 août,lors d’un comité central d’entreprise,puis rapidement reprise par les médias. « A cette date,c’est la seule salariée d’Altice France suspendue »,indique le compte rendu du comité central d’entreprise tenu ce jour-là. Les semaines suivantes,une quinzaine de cadres quitteront l’entreprise,licenciés ou discrètement poussés à la démission,pour la plupart en raison de leur proximité ou de leurs liens familiaux avec M. Pereira.

Depuis,celle qui a commencé sa carrière en janvier 2010 chez Numericable,l’une des premières entreprises de Patrick Drahi,avant de gravir les échelons,conteste vivement sa révocation. Une première procédure a été lancée en juin 2024 devant les prud’hommes,puis une seconde,plus récente,devant le tribunal de commerce de Paris. Selon les informations du Monde,Mme Agova-Bregou a assigné,le 14 août,les sociétés SFR Presse Distribution et Sportscotv,les deux filiales de l’opérateur dont elle était mandataire sociale,pour « révocation abusive,dans des circonstances brutales et vexatoires portant atteinte à son honorabilité et sans respect du principe du contradictoire ».

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