L’automne de l’économie française s’annonce maussade

2024-08-26    lemonde.fr HaiPress

Le chantier de la nouvelle cimenterie du groupe Heidelberg Materials,à Airvault (Deux-Sèvres),le 5 juillet 2024. PHILIPPE LOPEZ / AFP Comment se profile la rentrée sur le plan économique ? « Nous allons reprendre les affaires dans un pays où il n’y a personne aux affaires,déclare en souriant François Asselin,président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. Mais on sait bien qu’il y aura un jour d’après,et qu’il sera peut-être problématique… » D’ici là,l’économie française semble vouloir tourner au ralenti. « Les chefs d’entreprise ont mis les projets d’investissements ou de recrutements sur pause,poursuit le représentant des PME. On attend. »

« On ne sait pas à quelle sauce on va être mangés,avec quel gouvernement,quelle politique et quel projet de loi de finances,renchérit Mathieu Plane,directeur adjoint du département analyse et prévision à l’Observatoire français des conjonctures économiques. Or,sans budget,pas de choix politiques,ni en termes de soutien à l’économie,ni en termes de fiscalité. Après quatre ans de crises,les chefs d’entreprise et les ménages se retrouvent à nouveau dans l’incertitude,et cela va se ressentir sur leurs comportements. Les ménages,par exemple,après avoir énormément épargné,ne vont sans doute pas avoir envie de relâcher un peu leurs efforts… »

Les indicateurs conjoncturels,publiés vendredi 23 août par l’Insee,confirment cette humeur mi-chèvre,mi-chou. L’indicateur du « climat global des affaires »,qui avait fortement chuté en juin en raison de la séquence électorale,passant de 99 à 94,est remonté à 97. Un chiffre un peu inférieur à la moyenne de long terme,qui signale,selon l’Insee,« un dynamisme assez faible de l’activité sous-jacente,au-delà du boost ponctuel apporté cet été par les Jeux olympiques ».

La billetterie,les services de transport,d’hôtellerie et de restauration,ainsi que les recettes issues des produits dérivés,se chiffrent à 0,3 point de PIB environ,selon les estimations données en juillet par l’Insee. La croissance devrait donc,sur le troisième trimestre,atteindre au moins 0,3 %,sans que cela reflète pour autant les tendances économiques de fond. « Tout le monde est d’accord pour dire que les indicateurs ne sont pas très bons,mais s’attend quand même à ce que la croissance ne soit pas trop mauvaise au troisième trimestre »,décrypte Mathieu Plane.

Des perspectives mornes

C’est après,au quatrième trimestre,que les choses pourraient se gâter. « La croissance,depuis le début de l’année,provient uniquement du commerce extérieur et de la dépense publique,observe Denis Ferrand,directeur général de Rexecode. Du côté du secteur privé,on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent : les entreprises réduisent leurs stocks et les ménages ne consomment pas. C’est d’ailleurs grâce à cela que les importations n’augmentent pas. » La perspective,quasi inéluctable,de voir augmenter les impôts dans les mois à venir ne risque pas de modifier la propension des Français à l’épargne,estime l’économiste.

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