La Bibliothèque nationale de France,à Paris,en avril 2020. BERTRAND GUAY / AFP Une telle éventualité semble presque fantaisiste. Pourtant,la CGT-BNF s’est émue,dans deux tracts datés des mardi 8 et mardi 22 octobre,d’un scénario de vente ou de location de la tour 2 de la Bibliothèque nationale de France (BNF). « Un moyen de rapporter des crédits supplémentaires à l’établissement » à l’occasion « du déménagement des collections vers le nouveau centre de conservation qui verra le jour à Amiens »,selon le syndicat.
Peu de monde le sait,mais cette hypothèse avait été prise au sérieux par le Conseil de l’immobilier de l’Etat (CIE),qui avait publié un avis à ce sujet le 4 mars 2021,prouvant que cette possibilité avait forcément été évoquée par l’ancienne direction de l’établissement. « La BNF envisage de louer à des tiers les futures surfaces excédentaires de la bibliothèque François-Mitterrand »,pouvait-on lire dans ce document,qui précisait que « la libération et la réhabilitation de la totalité d’une tour » coûteraient 105 millions d’euros de travaux,pour une valorisation estimée à 8,5 millions d’euros par an.
Le CIE considérait un tel schéma avec circonspection,soulignant son « risque financier important »,puisque le retour sur investissement était évalué à seize ans minimum. Sans compter que la conformité au droit budgétaire n’était en rien acquise,pour une opération visant à « valoriser » un bien domanial « mis à disposition de l’opérateur,sans lien avec son activité »,afin de « générer des recettes supplémentaires ».
Le nouveau président de la BNF,l’historien spécialiste de l’Italie du XIXe siècle Gilles Pécout,qui a succédé à Laurence Engel le 18 avril,met fin à la polémique. Il a clairement répondu au Monde,jeudi 24 octobre : « Je prends l’engagement qu’aucune cession,aucune vente ou location de la tour T2,mais également des autres espaces [de la bibliothèque François-Mitterrand],ne sera faite à des acteurs ou des intérêts privés. »
Les quatre tours cardinales figurant symboliquement quatre livres ouverts dessinés par l’architecte Dominique Perrault conserveront donc leur destination initiale. Depuis 1995,elles abritent des millions de livres et des centaines de salariés de la BNF,répartis sur sept étages de bureaux protégés par des volets de bois mobiles et onze étages de magasins. Gilles Pécout ne s’interdit pas,en revanche,des locations ponctuelles de mécénat,« à condition de ne pas nuire à l’image de la BNF »,ce qui est déjà pratiqué pour la salle Ovale de la bibliothèque Richelieu.
Il vous reste 53.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.