LAURENT CORVAISIER Ce sont des face-à-face qui se multiplient,ces derniers temps,sur les ondes et sur les plateaux de télévision. Alors que les débats sur le budget 2025 et la dette occupent l’espace politique,les controverses entre économistes d’obédiences opposées sont largement mises en scène dans le champ médiatique. Dans le même temps,de façon moins visible du grand public,une autre discorde reprendde la vigueur : celle qui agite les départements d’économie des universités et des grandes écoles sur la manière d’enseigner la discipline.
C’est un vieux débat qui revient périodiquement dans les facultés. L’enseignement de l’économie serait trop monolithique et libéral,reproche une partie des enseignants,généralement qualifiés d’« hétérodoxes » (postkeynésiens,marxistes…). Ces derniers regrettent la « domination »,dans les cursus,des théories néoclassiques,fondées sur l’idée d’une efficience des marchés et de leurs mécanismes d’autorégulation. A plusieurs reprises depuis les années 2000,la critique avait été portée par les étudiants,en particulier au lendemain de la crise financière de 2008. « Ils s’étaient rendu compte que,bien qu’ayant étudié des années l’économie,ils se trouvaient incapables d’expliquer ce qui était en train de se passer,même à des proches néophytes »,se souvient Florence Jany-Catrice,professeure d’économie à l’université de Lille.
Leur enquête,publiée fin 2023,montre que les cours en licence ont la même tonalité sur presque tout le territoire et présentent peu de pluralisme dans les paradigmes enseignés. « Parmi les cours d’économie stricto sensu,l’économie mainstream monopolise 86,2 % des ECTS [crédits permettant de valider le diplôme],contre 13,8 % pour l’économie institutionnaliste »,notent les auteurs.
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