SCOP-TI, dix ans après, les victoires des ex-Fralib : « On est toujours là, alors qu’on était voués au Pôle emploi »

2024-11-08    HaiPress

Sur la chaîne de production des boîtes de thé de la marque 1336 de SCOP-TI,à Gémenos (Bouches-du-Rhône),le 4 janvier 2023. CLEMENT MAHOUDEAU / AFP Ils ont suivi à distance,et avec sympathie,l’annonce de la reprise par ses salariés de l’usine de verres Duralex au milieu de l’été. Comme une réminiscence de leur propre victoire,il y a dix ans,face à la multinationale Unilever,ses thés Lipton et ses tisanes Eléphant. Un combat à la David contre Goliath,souvent cité en exemple dans les luttes ouvrières. « Chaque histoire est unique. On n’a aucune leçon à donner »,précise d’emblée Olivier Leberquier,depuis les bureaux de l’ex-usine Fralib de Gémenos (Bouches-du-Rhône),devenue la société coopérative ouvrière provençale de thés et infusions SCOP-TI.

Aujourd’hui,il en est le président ; en 2014,il en était le délégué CGT. A l’époque,alors que les Fralib venaient d’obtenir le droit de reprendre leur usine en SCOP après quatre ans d’une lutte acharnée,il déclarait : « La lutte va se poursuivre,puisqu’il va falloir pérenniser notre activité. » Dix ans après,ils tiennent enfin leur vraie victoire. Celle d’avoir « réussi à faire perdurer le projet dans le temps »,résume-t-il. « On est toujours là,alors qu’on était voués au Pôle emploi. [En 2024],nous allons faire notre meilleur chiffre d’affaires en dix ans,en hausse de 30 % ou 35 %,et nous serons bénéficiaires,sans artifice ni aide extérieure,juste grâce à notre activité. »

Intarissable dans sa description passionnée du projet de l’entreprise,Nasserdine Aissaoui,qui prépare les commandes passées par Internet,ne dissimule rien de la réalité des dix années : « Jusqu’à aujourd’hui,ça a été compliqué,il n’y a rien qui est facile. » Les SCOP-TI ont su dès la reprise qu’ils partaient avec un sévère handicap : contrairement aux Duralex,ils n’ont pas obtenu de conserver la marque Eléphant. « Ça représentait un volume de 450 tonnes,alors qu’aujourd’hui on tourne autour de 300 tonnes,donc ça aurait été tout de suite gagné ! »,explique Olivier Leberquier.

Pour les salariés,la requête était d’autant plus légitime que la marque est née à Marseille,créée par les frères Pétrus et Lazare Digonnet à la fin du XIXe siècle,les aromates (verveine,tilleul,menthe…) étant alors issus du terroir local. Unilever rachète l’entreprise,qui devient Fralib (Française d’alimentation et de boissons) à la fin des années 1970. Avec l’ouverture des marchés,les plantes locales sont remplacées par des plantes « du bout du monde » et l’activité se réduit peu à peu au seul conditionnement,jusqu’en 2010,lorsque Unilever décide de la délocaliser en Pologne. Il reste alors 182 salariés. Cela marque le début de quatre ans d’occupation de l’usine. « Au bout du compte,on a réussi à garder les machines,rappelle Olivier Leberquier. Mais,sur la marque,Unilever n’a pas lâché ! »

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