Le président du syndicat CFE-CGC,François Hommeril,à l’Elysée,à Paris,le 4 juin 2020. YOAN VALAT/POOL VIA REUTERS En trente-quatre années de militantisme,François Hommeril a,maintes fois,répété qu’il fallait veiller sur le sort des personnes victimes d’un licenciement économique. Mais le président de la CFE-CGC,le syndicat des cadres,n’avait,personnellement,jamais vécu une telle expérience. Désormais,il peut en témoigner : être rayé des effectifs d’une entreprise constitue un choc « d’une violence inouïe »,selon ses dires,même s’il n’a pas d’inquiétude pour la suite. En redressement judiciaire,la société Niche Fused Alumina,où il était salarié jusqu’à présent,vient d’être reprise par un industriel,qui conserve 119 collaborateurs sur 173. M. Hommeril se retrouve dans la « charrette » de ceux qui perdent leur poste. Une situation probablement inédite pour le responsable d’une confédération défendant les travailleurs.
Ingénieur de formation,M. Hommeril commence sa vie professionnelle en 1989 chez Pechiney,à Gardanne (Bouches-du-Rhône). Neuf ans après,le groupe français le mute à La Bâthie (Savoie) au sein d’une autre unité qui fabrique du corindon blanc,un oxyde d’aluminium utilisé dans des produits pour les parquets laminés,l’aérospatiale,l’automobile, etc. Avec sa femme et leurs cinq enfants,il prend racine dans cette commune d’environ 2 000 habitants et s’attache,de fil en aiguille,à « l’usine » : « Je suis très lié à elle,à son destin »,explique-t-il.
Dans l’entreprise,il réussit à augmenter l’audience de son syndicat tout en entretenant de bonnes relations avec ses collègues encartés à la CGT – l’organisation numéro un sur le site. Il lui arrive même de faire liste commune avec eux,aux élections professionnelles. Une complicité inattendue,qui tient,en partie,à sa personnalité : M. Hommeril n’hésite pas à défier la hiérarchie et son sens de la formule dévastatrice séduit.
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