Pierre Palmade,lors de son procès au palais de justice de Melun,le 20 novembre 2024. ALAIN JOCARD / AFP Une route en ligne droite,chaussée sèche,sans le moindre obstacle à l’horizon. Mila voit encore la main de son beau-frère venir se plaquer sur le volant. Des phares l’éblouir,« comme s’ils nous visaient ». L’impression d’être secouée « comme dans un manège ». Et mal,très mal,trop mal au ventre. A la barre du tribunal correctionnel de Melun,mercredi 20 novembre,Mila se fige un instant pour raconter « la sensation de vide » qui a suivi. Sa césarienne d’urgence à vingt-sept semaines et cinq jours de grossesse. Sa fille Solin,mort-née. Mila a bien compté quand elle l’a serrée dans ses bras : Solin avait tous ses doigts. Elle pesait 1 090 grammes. L’accident l’a tuée in utero.
Mercredi soir,Pierre Palmade a été condamné à cinq ans de prison,dont deux ans ferme,pour blessures involontaires aggravées. Il n’était pas poursuivi pour homicide involontaire car,si le fœtus était « viable » selon les experts,Solin n’a pas montré de signe de vie extra-utérine et n’a donc pas de personnalité juridique constituée. « Je suis anéanti,a déclaré Pierre Palmade,au cours de l’audience. C’est un débat juridique qui me dépasse. Moi,j’aurai toujours ce bébé sur la conscience. »
Le 10 février 2023 à 18 h 45,un choc frontal sur une départementale de Seine-et-Marne est venu fracasser les vies de Mila,alors enceinte de six mois,et de sa famille. Le corps broyé de son beau-frère,résumé en 171 jours d’incapacité totale de travail,s’avance douloureusement à la barre un an et demi plus tard.
« L’accident repose exclusivement sur une faute de conduite caractérisée »,a conclu la procureure dans ses réquisitions,se faisant tranchante sur « le fléau de la conduite sous l’empire de stupéfiants » : « On dit tous les jours à des conducteurs qu’ils peuvent détruire des familles (…) On ne peut donc pas être trop indulgents. » De la cocaïne et différentes drogues de synthèse ont été retrouvées dans le sang de Pierre Palmade.
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