Le premier ministre,Michel Barnier,au 106ᵉ congrès des maires et des présidents d’intercommunalité de France,à Paris,le 21 novembre 2024. CYRIL BITTON / DIVERGENCE POUR « LE MONDE » Un ministre de l’économie contestant en public le budget qu’il a lui-même contribué à élaborer,pour tordre le bras du premier ministre et l’amener à revoir leur copie commune… Curieuse situation que celle,provoquée jeudi 21 novembre,par Antoine Armand. Elle en dit long sur les tensions internes au gouvernement,les fractures au sein de la coalition censée le soutenir,et la fragilité d’un projet qui ne cesse d’être remanié.
En jeu,cette fois-ci,les allégements de charges dont bénéficient les entreprises. A la recherche d’économies,Michel Barnier avait prévu de les réduire de 4 milliards d’euros. Mais,au fil des jours,le patronat et les macronistes ont fait monter la pression pour revenir sur cette mesure. Jeudi,à quelques heures d’une réunion de calage à Matignon,le ministre de l’économie lui-même est monté au créneau,mettant en garde le chef du gouvernement dans un entretien au Parisien : « Attention à l’impôt de trop ! Les entreprises ne doivent pas être la variable d’ajustement. » Et ce proche de Gabriel Attal d’ajouter : « Dévier de la ligne probusiness menée depuis 2017 serait une erreur fondamentale. »
Un discours applaudi par l’ancien premier ministre et par les députés macronistes. « Quand on est loyal (…),on a de meilleures chances de faire face à l’adversité »,a glissé M. Barnier dans son discours au congrès des maires et des présidents d’intercommunalité,en guise de réponse à son ministre.
Ficelé en deux semaines par Michel Barnier à partir de l’ébauche laissée par le gouvernement précédent,le budget 2025 est-il en train d’être détricoté ? A force d’accéder aux demandes des uns et des autres,de lâcher 500 millions d’euros ici,1 milliard ou 2 milliards là,le gouvernement pourra-t-il tenir son objectif initial,redresser les comptes publics ?
Une question critique pour la crédibilité tant économique que politique de Michel Barnier. Les marchés,déjà très dubitatifs sur la réalité du plan de rigueur annoncé,risquent à tout moment de sanctionner la France par une forte hausse des taux d’intérêt. Et les tensions grandissantes autour du budget accentuent la menace d’une chute du gouvernement,à l’occasion du vote d’une motion de censure sur ce texte.
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