Des photos de consommateurs de fentanyl lors d’une action de Facing Fentanyl,un groupe de sensibilisation à but non lucratif composé de familles touchées par cet opioïde,à New York,le 21 août 2023. SHANNON STAPLETON/REUTERS Quand Nabarun Dasgupta,un éminent spécialiste en matière de drogues à l’université de Caroline du Nord,a découvert,en mai,les chiffres des Centres de prévention et de lutte contre les malades (CDC),il a été « sceptique ». Ces derniers annonçaient,pour la première fois depuis 2018,un recul de 3 % du nombre de décès par overdose aux Etats-Unis,en 2023,par rapport à l’année précédente. Au fil des mois,il a dû se rendre à l’évidence : la tendance s’est poursuivie et même accentuée. Selon les dernières données des CDC,publiées en novembre,la baisse est désormais attendue à 14,5 % sur l’ensemble du territoire entre juin 2023 et juin 2024,avec 96 801 morts par overdose,contre 113 154 un an auparavant.
Depuis plus de vingt ans,la crise des opioïdes fait des ravages outre-Atlantique. Elle a d’abord été alimentée par l’explosion des antidouleurs,comme l’oxycodone,délivrés sur ordonnance,puis par la montée en puissance de l’héroïne et enfin par celle des opioïdes synthétiques tels que le fentanyl,cent fois plus puissant que la morphine. Le décès par overdose de fentanyl est aujourd’hui la première causede mortalité chez les Américains entre 18 et 45 ans.
La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’aggraver les choses. En 2021,le nombre de décès par overdose a dépassé,pour la première fois,les 100 000 au niveau national,puis les 110 000 en 2022,un record. « Quand nous constatons une baisse à deux chiffres comme celle-ci,cela montre qu’il ne s’agit pas juste d’une aberration statistique »,confirme Allison Arwady,directrice du Centre national pour la prévention et le contrôle des blessures,une branche des CDC.
La décrue est plus prononcée dans l’est du pays – la Caroline du Nord enregistre une diminution de l’ordre de 30 % – tandis que dans l’Ouest la situation est plus contrastée avec cinq Etats qui ont des chiffres en augmentation. Cela s’explique,précise Allison Arwady,par le fait que la côte Est a été la première à être touchée par l’arrivée du fentanyl et donc la première à devoir réagir avant que le phénomène ne se déplace vers l’ouest.
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