Des bénévoles des Restos du cœur,à Grenoble,le 21 novembre 2023. OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP « Un rapport sur la pauvreté devrait être soumis au Parlement chaque année »,estime Louis Maurin,cofondateur et directeur de l’Observatoire des inégalités. C’est pour pallier l’absence d’un tel état des lieux que l’organisme indépendant publie le sien,mardi 3 décembre,avec l’ambition d’« éclairer le débat public ».
Ce Rapport sur la pauvreté en France,publié tous les deux ans,rassemble et met en perspective de nombreuses données,en partie méconnues,dans une langue accessible à tous. Les auteurs dénombrent 5,1 millions de pauvres dans l’Hexagone,en fixant le seuil de pauvreté monétaire à 50 % du revenu médian,soit 1 014 euros net par mois pour une personne seule. Ce seuil est celui retenu par l’Organisation de coopération et de développement économiques,tandis que l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee),à l’instar des autres pays européens,situe le seuil à 60 % du niveau de vie médian,soit 1 216 euros,ce qui le conduit à recenser 9,1 millions de pauvres.
Plutôt que de s’attacher aux variations annuelles,le rapport montre l’évolution sur le temps long. « Après une baisse importante dans les années 1970 et 1980,le taux de pauvreté s’est stabilisé »,commence-t-il. Puis,entre 2002 et 2022,le nombre de pauvres au seuil de 50 % a augmenté de 1,4 million de personnes. La hausse de la population n’est pas seule en cause,puisque le taux de pauvreté a lui aussi progressé,passant de 6,6 % à 8,1 %. Quant au niveau de vie médian des pauvres,il n’a gagné que 60 euros en vingt ans,pour atteindre 832 euros. « Nous avons l’un des meilleurs modèles sociaux au monde,mais l’on constate que le niveau de vie avant prestations sociales baisse »,relève Louis Maurin.
Long de 88 pages,le rapport décrit la nature et l’ampleur des privations de la « pauvreté ordinaire » – ne pas pouvoir se chauffer correctement,ne pas partir en vacances,ne pas pouvoir faire face à une dépense imprévue de 1 000 euros…
Il vous reste 42.65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.