Crise de vocation ? Fuite des mauvaises conditions de travail ? Les candidats aux métiers dits « sociaux » sont de moins en moins nombreux. Toutes années d’études confondues,57 300 étudiants,dont 83 % de femmes,étaient inscrits dans une formation aux professions sociales en France métropolitaine et outre-mer en 2023,soit encore 1,1 % de moins qu’en 2022. En diminution régulière depuis plus de dix ans,cet effectif accuse une baisse significative sur le moyen terme de 14,5 % entre 2010 et 2023,alors même que les besoins augmentent (vieillissement de la population,familles monoparentales,pauvreté…).
Tel est le constat renouvelé de la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (Drees),qui a publié le 27 novembre son enquête annuelle réalisée auprès des 1 100 écoles en charge de ce type de formations. L’avenir ne s’annonce pas meilleur. Les métiers du social,recrutant à des niveaux hétérogènes,du CAP (auxiliaire de vie sociale,assistant familial…) au Master 1 (conseiller en économie sociale familiale,éducateur technique spécialisé…),subissent une désaffection durable.
Le nombre d’inscrits dans ces filières en première année recule encore en 2023 de -2,1 %,par rapport à l’année précédente. A cela s’ajoutent les interruptions définitives ou provisoires de scolarité dont le taux global s’élevait à 9,7 % en 2023 selon la Drees.
Le déficit d’attractivité de ces métiers en phase de formation se poursuit durant la vie active,souligne Bertrand Ravon,sociologue à l’université Lumière Lyon 2. L’usure professionnelle gagne en effet rapidement les salariés du secteur : confrontés à la diversification des usagers aux problématiques plus complexes,tant sociales que psychologiques,ils doivent davantage « payer de leur personne » pour mener à bien leur mission. Plus d’une aide médico-psychologique sur deux ne pratique plus cette profession au bout de neuf ans,illustre la Drees.
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