L’ancien gendarme rwandais Philippe Hategekimana (à droite),naturalisé français en 2005 sous le nom de Philippe Manier,lors de son procès en première instance à Paris,le 10 mai 2023. BENOIT PEYRUCQ / AFP Où se trouvait Philippe Hategekimana,naturalisé Français sous le nom de Philippe Manier,lors du génocide des Tutsi en avril 1994 ? Etait-il à Nyanza,au sud du Rwanda,où les collines étaient couvertes de sang ? Ou à Kigali où l’adjudant-chef de gendarmerie assure qu’il venait d’être muté ? « Je suis parti dans la capitale rwandaise pendant la deuxième quinzaine du mois d’avril 1994,a-t-il assuré mardi 10 décembre devant la cour d’assises de Paris lors de son procès en appel. Je ne me rappelle plus exactement de la date. »
Le sort de l’accusé est lié à sa situation géographique au moment du génocide,alors que de multiples témoins affirment l’avoir vu à Nyanza. En première instance,Philippe Manier a été condamné,le 28 juin 2023,à la réclusion criminelle à perpétuité pour génocide et crimes contre l’humanité par la cour d’assises de Paris,en vertu du principe de compétence universelle qui permet,depuis 2010,de juger les auteurs de crimes graves quel que soit le lieu où ils ont été commis.
Depuis le début de son procès en appel,lundi 4 novembre,Philippe Manier apparaît souvent hésitant quand il ne se mure pas dans le silence. Ses rares réponses sont confuses ou elliptiques. Parfois,il se contredit. « Au cours de l’instruction,vous avez déclaré avoir quitté Nyanza le 25 avril,lui rappelle le président du tribunal,Marc Sommerer. Une autre fois,vous dîtes que c’était le 20 ou le 21. Lors d’une confrontation,vous avez par ailleurs déclaré que c’était le 22 ou le 26. Vous avez beaucoup varié dans vos propos ! Et votre ordre de mutation,où est-il ? Quand on cherche à vérifier votre alibi,on n’y arrive pas. »
Au terme de son premier procès,Philippe Manier,aujourd’hui âgé de 67 ans,a été reconnu coupable d’avoir ordonné l’érection de « barrières » autour de Nyanza,des points de contrôle tenus par la population ou par des miliciens Interahamwe où des milliers de Tutsi ont été massacrés au cours du génocide qui,selon les Nations unies,a fait entre 800 000 et un million de morts au printemps 1994.
A l’aide d’une carte projetée dans la salle d’audience,Marc Sommerer a montré à la cour l’emplacement des différentes barrières autour de Nyanza. Il y avait celles dites « de l’hôpital »,« du stade »,« de Kavumu »,de « Mugonzi » et d’autres lieux-dits.
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