Pour Julien (son prénom a été modifié),tout a commencé à l’été 2018. « Je suis en vacances et je reçois l’appel d’un policier qui me dit que plusieurs véhicules enregistrés à mon nom ont commis des infractions graves,de type braquage,raconte ce cadre commercial installé en région parisienne. Pourtant,à l’époque,je n’ai même pas de voiture,je conduis un scooter. » La suite de son récit ressemble par bien des aspects au cauchemar que décrivent toutes les victimes d’usurpation d’identité. Sauf que,dans son cas,une grande partie de la responsabilité en revient à l’Etat.
Si Julien s’est retrouvé soupçonné par la police,cerné par le fisc,l’Urssaf,et sommé,du jour au lendemain,de payer des centaines de milliers d’euros d’amendes routières,c’est en raison des failles béantes du système d’immatriculation des véhicules (SIV),un registre public dont la semi-privatisation a ouvert la voie à des escroqueries massives.
Revenons au printemps 2018. A cette époque,Julien l’ignore encore,mais quelqu’un vient de créer avec son nom une société d’« achat et vente de véhicules d’occasion » à Roubaix (Nord),à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui. Dans les semaines qui suivent,des dizaines de véhicules sont immatriculés chaque jour au nom de sa société,qui compte bientôt un parc de plus de 300 voitures,sans qu’aucun voyant rouge s’allume dans les préfectures.
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