Un membre de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière-CGT à Epernay (Marne),le 3 octobre 2023. FRANCOIS NASCIMBENI / AFP Mauvaise publicité pour la CGT. Sept responsables et ex-dirigeants de sa Fédération nationale agroalimentaire et forestière (FNAF) ont été condamnés,jeudi 31 octobre,par la 15e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny dans une affaire de détournements de fonds. Les peines les plus lourdes – douze mois de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité – ont été prononcées à l’encontre de l’actuel secrétaire général de cette organisation,Julien Huck,et de son père Alfred,qui avait exercé la même fonction auparavant,durant plus de vingt années. La décision jette une ombre sur les mis en cause et leur syndicat tout en relançant les suspicions – récurrentes – sur le financement des acteurs sociaux.
La justice a ouvert ce dossier à la suite d’un signalement effectué par un ancien membre des instances de la FNAF-CGT. Johnny Neto écrit en juin 2018 au parquet de Bobigny pour dénoncer des usages qu’il estime contraires à sa conception du militantisme. La lettre au procureur de la République dépeint un « clan familial »,constitué par les Huck,père et fils,ainsi que leurs compagnes respectives,qui auraient eu la haute main sur la fédération pour s’en mettre plein les poches. Au passage,plusieurs de leurs camarades auraient bénéficié de ces libéralités. « Dérives mafieuses »,a tonné Me Cédric Alépée,l’un des avocats de M. Neto,durant le procès qui s’est tenu les 20 et 21 septembre.
Les débats,au cours de l’audience pénale,ont été largement consacrés à deux infractions alléguées. La première concerne l’achat en 2015 d’une maison à Montreuil (Seine-Saint-Denis) par une organisation partenaire de la FNAF,moyennant un peu plus de 400 000 euros. Pendant environ trois ans,l’habitation a été gratuitement mise à disposition de Julien Huck et de sa compagne,sans que cet avantage en nature soit déclaré.
Le tribunal considère,aujourd’hui,que les conditions dans lesquelles le pavillon était occupé représentaient un « abus de confiance » avec un préjudice (pour l’organisation propriétaire) lié au non-paiement d’un loyer. En revanche,l’acquisition en elle-même du bien n’était pas irrégulière,car elle n’a pas entraîné de manque à gagner,aux yeux des magistrats : l’opération peut même être vue comme rentable,le logement ayant pris de la valeur.
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