La Banque d’Angleterre s’inquiète d’une résurgence de l’inflation

2024-11-08    HaiPress

Devant la Banque d’Angleterre (à gauche),à Londres,le 7 novembre 2024. HENRY NICHOLLS / AFP Un quart de point,c’est la baisse du taux directeur annoncée par la Banque d’Angleterre,jeudi 7 novembre,le portant à 4,75 %. Il s’agit de la deuxième baisse,après celle du mois d’août,qui était venue marquer la fin d’une période de près de trois ans de hausses consécutives destinées à maîtriser une inflation galopante qui a atteint un pic de 11 % en 2022.

« L’inflation est retombée à 1,7 % en septembre,son niveau le plus bas depuis 2021,détaille Susannah Streeter,spécialiste des marchés financiers chez Hargreaves Lansdown. Les ménages se montrent prudents,réduisant leur consommation,ce qui n’est pas de nature à pousser les prix vers le haut. » Quant aux services,si la hausse des prix est encore élevée (+ 4,9 %),elle tend à ralentir après 5,6 % en août.

Mais la situation reste « extrêmement volatile »,estime Danni Hewson,analyste financière chez AJ Bell. Le budget présenté le 30 octobre par la chancelière de l’Echiquier,Rachel Reeves,va relancer l’inflation,a estimé,jeudi,le gouverneur de la Banque d’Angleterre,Andrew Bailey,en commentant la baisse du taux directeur. Elle va grimper jusqu’à 2,75 % en 2025 et ne retombera en dessous de 2 % qu’en 2027,selon l’institution.

En cause,notamment,la hausse des charges sociales versées par les employeurs,qui devrait rapporter 25 milliards de livres (30 milliards d’euros) par an à l’Etat. « Ces frais supplémentaires,qui renchérissent l’emploi,seront répercutés sur les prix pratiqués par les entreprises »,pense Mme Streeter.

A cela s’ajoutent 70 milliards de livres de dépenses destinées à financer les infrastructures et les services publics,notamment le système de santé. « Ces fonds supplémentaires injectés dans l’économie peuvent créer une poussée inflationniste »,note M. Hewson.

Revoir les prévisions

La croissance des salaires (plus de 5 % depuis plusieurs mois),ne semble pas non plus en passe de ralentir. Elle est alimentée par le fort taux d’inactivité au Royaume-Uni,qui s’élève à près de 22 % de la population en âge de travailler. Contraints de puiser dans un bassin de talents limité,les employeurs ont dû revoir leurs rémunérations à la hausse. Le gouvernement a aussi avalisé des hausses salariales pour les employés du secteur public (de 4,75 % à 6 % pour la période 2024-2025),et une augmentation de 6,7 % du salaire minimum à partir d’avril 2025.

L’inflation au Royaume-Uni sera en outre alimentée par une série de facteurs externes. « On s’attend à ce que le prix de l’énergie augmente,dans le sillage des fluctuations de ceux du pétrole provoquées par la guerre au Moyen-Orient »,souligne M. Hewson. Le 1er octobre,les tarifs de l’électricité et du gaz – qui sont fixés tous les trois mois par le gouvernement – ont crû d’environ 10 % en Angleterre et au Pays de Galles. Ils devraient encore augmenter en janvier 2025,en lien avec la hausse de la demande durant la période hivernale.

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